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La Terre ou Le Paradis terrestre

La Terre ou le Paradis terrestre Jan Brueghel l’Ancien,  dit Brueghel de Velours

Flandres

vers 1607-1608

Huile sur cuivre

45 x 65 cm

Musée du Louvre

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)  / Jean-Gilles Berizzi

Dans ce lieu enchanteur, tous les animaux, proies ou prédateurs, vivent en paix. C’est un paradis, un jardin idéal.

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Le surnom de Jan I Brueghel de Velours (1568-1625) vise à le distinguer de son père, Pieter Brueghel dit l’Ancien ou le Vieux (vers 1525-1569), un des plus grands peintres de la Renaissance flamande, ainsi que de son frère, Brueghel d’Enfer (1564/1565-1636). Jan Brueghel l'Ancien est un peintre baroque flamand né à Bruxelles. Spécialiste de natures mortes, Brueghel de Velours se distingue par un sens du détail extrêmement poussé dont ce paysage témoigne.   


Comme nombre d’artistes de cette époque, le peintre fit le voyage en Italie au début du XVIIe siècle et c’est à la demande du cardinal-archevêque de Milan Federico Borromeo qu’il réalisa pour la Bibliothèque ambrosienne de Milan cette peinture. Celle-ci fait partie d’une série représentant les quatre éléments : la terre, l’air, l’eau et le feu.  

Texte source

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Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.

 

[...]

Dieu dit : Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi. Dieu appela le sec terre, et il appela l'amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon. Puis Dieu dit : Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi. La terre produisit de la verdure, de l'herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le troisième jour.

[...]

Dieu dit: Que les eaux produisent en abondance des animaux vivants, et que des oiseaux volent sur la terre vers l'étendue du ciel. Dieu créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent, et que les eaux produisirent en abondance selon leur espèce ; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit, en disant : Soyez féconds, multipliez, et remplissez les eaux des mers ; et que les oiseaux multiplient sur la terre. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le cinquième jour.

 

Dieu dit: Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi. Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.

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Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu dit: Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture. Et à tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et cela fut ainsi. Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le sixième jour.

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Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée. Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu'il avait faite : et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu'il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il avait créée en la faisant.

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Puis l'Eternel Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé. L'Eternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal.

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Un fleuve sortait d'Eden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras.

[...]

L'Eternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder. L'Eternel Dieu donna cet ordre à l'homme: Tu pourras manger de tous les arbres du jardin; mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.

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Extrait de la Bible, traduite par Louis Segond

Chapitre 1 : Genèse 1-2

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L'œuvre représente Adam et Eve en compagnie de Dieu qui leur montre l'arbre de la connaissance ; ce qui frappe lorsque l’on regarde ce tableau est l'effet de perspective. On voit bien qu'il y a plusieurs plans, et le fait que les éléments du tableau soient de plus en plus petits rend justement cette perspective et l'illusion d'éloignement. On peut voir dans l’œuvre un côté théâtral ; d'une part à cause des arbres, de la végétation et des animaux qui forment un cadre à cet épisode. De plus il y a comme une ouverture de rideau, le spectateur entre au cœur de la scène comme s'il venait de sortir de la forêt et avait observé les trois personnages de loin. Bruegel donne au spectateur un rôle presque de voyeur, on a cette impression d'espionner le trio.

En même temps l'immersion dans la scène se fait par la représentation d'un chemin qui va du premier plan jusqu'à Dieu, Adam et Eve. Ce qui marque le spectateur est la structure générale, avec deux zones lumineuses de chaque côté et au centre une séparation avec les arbres. C’est un moyen de mettre en avant le trio et d'attirer le regard du spectateur sur eux.

 

De l'autre côté, la rivière est un prétexte pour évoquer les animaux aquatiques de façon implicite et elle permet une certaine symétrie. Le tableau nous donne une définition du paradis. L’artiste utilise des couleurs claires afin de rendre cette idée d'harmonie et de paix. De plus il y a un surplus d'éléments comme les animaux, le feuillage, la végétation... Aucun animal ne semble menacé par un autre et aucune hiérarchie n'est établie entre eux : ils cohabitent en paix. Le tableau peut étonner puisque Dieu, Adam et Eve ne sont pas au premier plan et ils sont représentés de loin par le biais de leur silhouette.

On peut en conclure qu'ils ne sont pas le sujet principal de l’œuvre et que montrer la paix est le but principal. De plus évoquer cette harmonie grâce aux animaux est beaucoup plus frappant et universel puisque la relation chasseur/chassé est évidente dans beaucoup de civilisations.

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