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Aphrodite

Aphrodite, Vénus dite du type de l’Esquilin

Œuvre romaine d'époque impériale

Brindisi (Italie)

Marbre de Paros

96 cm

Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski 

Aphrodite, déesse grecque, Vénus pour les Romains, est la déesse de la beauté, née de l’écume de la mer. Elle est représentée nue, sortant des flots.   
Cette statue, désormais fragmentaire, suggère l’harmonie par ses proportions et la grâce par son mouvement.

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Apanage des dieux en Grèce, la nudité de cette statue suggère son identification à Aphrodite, déesse de la beauté et de l’amour. Privée de tête, de bras et d’une partie de ses jambes, elle donne néanmoins à voir une forme féminine idéalisée, ou ce que l’on appelle un « canon ».

 
Avec son anatomie parfaite, sa poitrine et son sexe dénudés, son ventre proéminent, elle exalte les attributs de la féminité et de la fécondité tout en gardant une part de mystère. Son déhanchement sensuel qui lui confère un élan dynamique n’est pas sans rappeler la posture d’autres représentations de la divinité dont la plus illustre est la Vénus de Milo, pudiquement voilée pour sa part à la taille.

La blancheur du marbre dans lequel le sculpteur a taillé sa sculpture concourt à l’impression de pureté


Dépourvu de tout symbole caractéristique (tels le coquillage en référence à sa naissance, la pomme en souvenir du jugement de Pâris ou le miroir comme allusion à sa beauté), ce fragment de corps féminin passe ainsi pour une Aphrodite anadyomène, c'est-à-dire sortant des eaux. Selon les récits mythologiques, la divinité a jailli de l’écume de la mer (le mot « écume » se dit aphros en grec, d’où le nom d’Aphrodite), en sortant d’un coquillage, fécondée par Ouranos après que Chronos eut blessé ce dernier. 

Texte source

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« Donc avant tout, fut Abîme ; puis Terre aux larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les vivants et Amour, le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui rompt les membres et qui, dans la poitrine de tout dieu comme de tout homme, dompte le cœur et le sage vouloir.

 

D'Abîme naquirent Érèbe et la noire Nuit. Et de Nuit, à son tour, sortirent Éther et Lumière du Jour. Terre, elle, d'abord enfanta un être égal à elle-même, capable de la couvrir tout entière, Ciel Étoilé, qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à jamais. Elle mit aussi au monde les hautes Montagnes, plaisant séjour des déesses, les Nymphes, habitantes des monts vallonnés. Elle enfanta aussi la mer inféconde aux furieux gonflements, Flot, sans l'aide du tendre amour. Mais ensuite, des embrassements de Ciel, elle enfanta Océan aux tourbillons profonds, Coios, Crios, Hypérion, Japet, Théia, Rhéia, Thémis et Mnémosyne, Phoibé, couronnée d'or, et l'aimable Téthys. Le plus jeune après eux, vint au monde Cronos, le dieu aux pensées fourbes, le plus redoutable de tous ses enfants ; et Cronos prit en haine son père florissant.

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[...]

 

Car c'étaient de terribles fils que ceux qui étaient nés de Terre et de Ciel, et leur père les avait en haine depuis le premier jour. À peine étaient-ils nés qu'au lieu de les laisser monter à la lumière, il les cachait tous dans le sein de Terre, et tandis que Ciel se complaisait à cette œuvre mauvaise, l'énorme Terre en ses profondeurs gémissait, étouffant. Elle imagine alors une ruse perfide et cruelle. Vite, elle crée le blanc métal acier ; elle en fait une grande serpe, puis s'adresse à ses enfants, et, pour exciter leur courage, leur dit, le cœur indigné : « Fils issus de moi et d'un furieux, si vous voulez m'en croire, nous châtierons l'outrage criminel d'un père, tout votre père qu'il soit, puisqu'il a le premier conçu œuvres infâmes ». 

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Elle dit ; la terreur les prit tous, et nul d'eux ne dit mot. Seul, sans trembler, le grand Cronos aux pensées fourbes réplique en ces termes à sa noble mère : « C'est moi, mère, je t'en donne ma foi, qui ferai la besogne. D'un père abominable je n'ai point de souci, tout notre père qu'il soit, puisqu'il a le premier conçu œuvres infâmes ».

 

Il dit, et l'énorme Terre en son cœur sentit grande joie. Elle le cacha, le plaça en embuscade, puis lui mit dans les mains la grande serpe aux dents aiguës ; et lui enseigna le piège. Et le grand Ciel vint, amenant la nuit ; et, enveloppant Terre, tout avide d'amour, le voilà qui s'approche et s'épand en tous sens. Mais le fils, de son poste, étendit la main gauche, tandis que, de la droite, il saisissait l'énorme, la longue serpe aux dents aiguës ; et brusquement, il faucha les bourses de son père, pour les jeter ensuite, au hasard, derrière lui. Ce ne fut pas pour autant un vain débris qui lors s'enfuit de sa main. Des éclaboussures sanglantes en avaient jailli ; Terre les reçut toutes, et, avec le cours des années, elle en fit naître les puissantes Érinyes, et les grands Géants aux armes étincelantes, qui tiennent en leurs mains de longues javelines, et les Nymphes aussi qu'on nomme Méliennes, sur la terre infinie. Quant aux bourses, à peine les eut-il tranchées avec l'acier et jetées de la terre dans la mer aux flux sans repos, qu'elles furent emportées au large, longtemps ; et, tout autour, une blanche écume sortait du membre divin. De cette écume une fille se forma, qui toucha d'abord à Cythère la divine, d'où elle fut ensuite à Chypre qu'entourent les flots ; et c'est là que prit terre la belle et vénérée déesse qui faisait autour d'elle, sous ses pieds légers, croître le gazon et que les dieux aussi bien que les hommes appellent Aphrodite, pour s'être formée d'une écume, ou encore Cythérée, pour avoir abordé à Cythère. Amour et le beau Désir, sans tarder, lui firent cortège, dès qu'elle fut née et se fut mise en route vers les dieux. Et, du premier jour, son privilège à elle, le lot qui est le sien, aussi bien parmi les hommes que parmi les Immortels, ce sont les babils de fillettes, les sourires, les piperies ; c'est le plaisir suave, la tendresse et la douceur. »

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 Théogonie d’Hésiode (VIII e siècle av. J.-C.). Traduction de Paul Mazon (1928)

Aphrodite, Vénus dite du type de l’Esquilin

Œuvre romaine d'époque impériale

Brindisi (Italie)

Marbre de Paros

96 cm

Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski 

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