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L'Aurore

L’Aurore chassant la nuit Jean-Baptiste de Champaigne  

France

1668

Huile sur toile

144 x 189 cm

Musée du Louvre

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)  / Thierry Le Mage.

L’Aurore, jeune femme vêtue de rose, repousse la Nuit, vêtue de gris. Elle apporte la lumière avec sa torche et distribue les fleurs qui éclosent avec le jour. Ce tableau, peint pour la chambre du fils de Louis XIV, accompagnait chaque matin son réveil.

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Fille d’Hypérion et de Théia, Titans issus de l’union d’Ouranos, le Ciel, et de Gaia, la Terre, Aurore a pour frère et sœur Soleil et Lune. Rependant  des pétales de rose, elle porte la toute première lueur du jour et annonce l’arrivée imminente de la lumière du Soleil. 


Si l’iconographie la représente souvent précédant le char d’Apollon, auquel Soleil fut très vite associé, la déesse « aux doigts de rose » domine ici la composition et s’impose sur les éléments, chassant la Nuit, reléguée au second plan, dont la silhouette et les traits s’estompent derrière la lumière matinale.  

Dans sa main droite, Aurore tient la torche qui éclaire le ciel, tandis que des fleurs jaillissent de sa main gauche. De l’urne tenue par un jeune garçon potelé, un putto, s’échappe de la rosée, donnant à la voûte céleste sa couleur matinale caractéristique. L’étoile qui scintille au dessus du diadème de fleurs d’Aurore est celle de Vénus, la dernière à s’éteindre avant l’apparition du soleil. Ses bras amplement ouverts semblent prêts à dispenser leurs offrandes. Aurore, grâce au miracle renouvelé du retour de la lumière, apparaît ainsi, comme la Fortune, dispensatrice de bienfaits

Neveu de Philippe de Champaigne, grand peintre de l’époque de Louis XIII, Jean-Baptiste de Champaigne exécuta cette peinture pour décorer le plafond de l’alcôve du lit d’apparat de Louis de France, fils de Louis XIV, au château des Tuileries.

 

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Texte en lien avec la thématique  :

 

Aube

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J’ai embrassé l’aube d’été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte.

Les camps d’ombres ne quittaient pas la route du bois.

J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre,je la chassais.

En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.

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Arthur Rimbaud, Illuminations, 1886

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